Notre première grande sortie à la découverte de Taïwan a pris la forme d’une randonnée pour ne pas changer!) et … sous la pluie (oui, encore!). Taïwan c’est en fait plusieurs îles, toutes d’origine volcaniques. Sur l’île principale, les montagnes couvrent 65% du territoire et il existe de nombreux sentiers de randonnée. Certains sont réputés difficiles et nécessitent la présence d’un guide (et une bonne condition physique!). Le Yushan (le mont Jade) est le plus haut sommet (3 952 mètres).
Il est possible d’observer les sommets de l’île au bout du sentier de Notre Dame, qui est le plus difficile de Jiaoxi, une ville réputée pour ses eaux thermales, dans le comté d’Yilan au Nord-Est de Taïwan.
C’est au bout d’un trajet d’un peu moins de 2h en bus sous une pluie quasi torrentielle que nous arrivons à la gare routière de Jiaoxi. A ce stade, on ne sait vraiment pas à quoi s’attendre pour le reste de la journée, mais on y va, on est motivés.

Là, nous rejoignons un groupe de randonneurs venus des 4 coins de l’île et, lorsque la pluie se calme enfin, nous nous lançons ensemble sur le sentier des cascades de Wufengchi.
C’est donc revêtus de nos capes de pluie que nous nous lançons sur le sentier qui nous mène dès les premiers mètres au pied de la bruyante principale cascade de Wufengchi (qui ne serait pas aussi impressionnante s’il n’avait pas plu toute la nuit, alors tout de même on dit « merci la pluie! »). Le sentier des cascades est vraiment facile et agréable malgré le sol glissant.
Après le sentier des cascades, on fait une pause devant l’église de Notre Dame. Depuis le parvis, on peut voir la ville de Jiaoxi qui s’étire jusqu’à la mer.
– Petite parenthèse sur le christianisme à Taiwan: il y a aussi bien des protestants (depuis les missions hollandaises du 16ème s.) que des catholiques (depuis les missions espagnoles de la même époque). Leur nombre n’a cessé de progresser depuis la Seconde guerre mondiale et la fin de l’occupation japonaise. Il n’est donc pas rare de tomber sur des chapelles catholiques ou protestantes. Il y a une grande diversité religieuse à Taiwan, mais un catholique ne mettra pas les pieds dans un temple bouddhiste par exemple, et inversement. Si j’ai bien compris, c’est plus une question de respect qu’autre chose.–

Le sentier de Sainte-Marie (ou sentier de Notre-Dame) démarre après l’église. On dit que c’est le chemin de randonnée le plus difficile de Jiaoxi; c’est pourquoi il y a peu de touristes qui s’y aventurent apparemment (on en croisera tout de même quelques uns!). Et bien pour ce qui est de la difficulté, ce n’est pas nous qui allons contredire la réputation du sentier, mais ça en valait la peine et si c’était à refaire, on le referait dans les mêmes conditions.
Le reste du groupe était composé de randonneurs taiwanais expérimentés ayant pour point commun d’avoir fait le Camino de Saint-Jacques de Compostelle. Certains s’étaient d’ailleurs rencontrés en Espagne et ne s’étaient pas revus depuis. Ils arboraient tous fièrement leur coquille, emblème du pélerin de Compostelle, accrochée à leurs sacs à dos. Disons que pour eux, cette rando était ni plus ni moins qu’une petite promenade de santé (idem pour notre fille qui était en tête avec les plus aguerris du groupe).
On papote, on papote sur le sentier de gravier, on passe une allée de bambous et la végétation se fait de plus en plus présente autour du sentier. Régulièrement, nous bénéficions de belles éclaircies qui nous permettent de faire des pauses pour observer la nature environnante.
Soudain, nous voyons des branches bouger sur notre gauche: c’est un macaque de Formose (espèce endémique) qui se déplace dans les arbres à la recherche de sa petite collation. C’est le premier que nous voyons et nous nous retenons de crier de joie en le voyant, pour ne pas le déranger. Normalement, quand on en voit 1, c’est que d’autres ne sont pas loin. Nous avons attendu un peu, mais ce sera le seul que nous verrons ce jour-là.
La seconde partie du sentier (la plus difficile) traverse une forêt assez dense à laquelle la brume donnait une atmosphère toute particulière et longe en partie un ruisseau s’écoulant jusqu’à la rivière Dezihkou plus bas dans la vallée.
A la sortie de la forêt on arrive sur une crête continuellement balayée par les vents. D’ailleurs, sur cette partie de la montagne, la végétation s’est adaptée: on y trouve des arbres et des bambous rétrécis et inclinés dans le sens du vent. Ils forment ce que l’on appelle « la forêt naine sur le vent ».
A ce moment on est plutôt contents d’avancer en partie dans le brouillard et la gadoue, parce que si on avait fait cette partie sous le cagnard, on aurait fini en rampant.

Puis, on arrive enfin au sommet et… (suspens) on n’y voit rien ! N’empêche, on commence à avoir l’habitude depuis le Mont Misen au Japon (lire le récit) et le Mont Namsan en Corée du Sud (lire le récit). On est très heureux d’être là et de partager ce moment avec des personnes qui nous accueillent comme des amis.
On file s’installer à l’abri de Notre Dame pour la pause déjeuner. On voit tout le monde sortir toutes sortes de fruits et des plateaux repas (nouilles, riz, légumes, poulet). On se sent un peu cons avec nos bananes, nos chips au citron vert et nos sandwichs triangles achetés à l’arrache au 7 Eleven…
Finalement, la pause déjeuner durera assez longtemps (à Taïwan les repas, c’est très important, on ne plaisante pas avec ça). Tout le monde va nous offrir des choses à manger et au final on fera un vrai festin.
Taïwan se trouve sur la ceinture de feu du Pacifique et l’activité volcanique a donné naissance à de nombreuses sources chaudes. Comme dans les onsen au Japon, ici on peut prendre des bains thermaux particulièrement relaxants (surtout après une randonnée), à ceci près qu’à Taïwan l’entrée des bains n’est pas interdite aux personnes tatouées et que ça ne coûte vraiment pas cher. Après le déjeuner, on n’a qu’une envie, c’est d’aller se prélasser dans un bain d’eau thermale.
Donc on repart par le même sentier direction le centre ville de Jiaoxi qui est LA ville du tourisme des sources chaudes. On y trouve de nombreux hôtels près des sources ou offrant la possibilité de prendre des bains d’eau thermale dans sa chambre.

Sur le chemin du retour, le ciel sera plus dégagé et nous serons amusés de croiser quelques personnes profitant de la clémence du temps pour grimper: une instagrameuse en tenue de ville accompagnée de son « staff », des touristes en sueur, un gars qui monte des planches en bois pour l’entretien des marches du sentier et de l’abri de Notre-Dame (il fera 2 fois l’aller-retour pendant notre descente, chapeau!).

Lorsque nous sortons de la forêt, le soleil est bel et bien revenu, et devinez quoi? En 30 minutes, le brouillard avait totalement disparu des sommets !

Mais en bas du sentier, on peut mieux apercevoir la ville et ainsi que la côte qu’on distinguait à peine le matin.
Avant de prendre le bus pour le centre ville, on se récompense d’un roulé à la cacahuète (crêpe de riz garnie de glace, de nougatine à la cacahuète et de feuilles de coriandre fraîches). C’est un dessert sucré/salé très courant qu’on retrouve souvent dans les marchés de nuit taïwanais. C’est à la fois doux et très frais, on l’a vraiment apprécié pour le goûter de fin de randonnée.
En ville, il y a des bassins d’eau thermale un peu partout: des bains de pieds publics gratuits et mixtes (l’équivalent des ashiyu japonais), et bien sûr des bains publics mixtes ou non mixtes (l’équivalent des onsen japonais). On imagine que cette tradition des bains publics tire son origine de la période d’occupation japonaise qui dura de 1895 à 1945.
C’est après un bon repas convivial avec nos compagnons du jour que nous irons nous délasser dans les eaux thermales de Jiaoxi, dans un bain public chic et pas cher.
Si seulement toutes nos randonnées pouvaient se terminer par un bain d’eau thermale sous un ciel étoilé! En tout cas, ce fut une expérience fantastique à ne pas manquer si vous voyagez du côté de Jiaoxi.
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