L’ascencion du Mont Inari à Kyoto (Japon)

Pour clore la série d’articles et de récits sur notre premier voyage au Japon, nous avons choisi de partager avec vous quelques souvenirs de notre balade sur un chemin de randonnée unique au mont Inari dans la magnifique ville de Kyoto.

Parler d’ascencion est peut-être un bien grand mot ici (même si ça grimpe bien pour arriver au sommet). Le mont Inari, c’est une grande colline (ou une petite montagne si vous préférez) de 230 m de hauteur abritant le plus ancien sanctuaire shinto dédié à Inari, mais également une multitude de petits sanctuaires à découvrir au cours d’une randonnée de 4 km au milieu d’une forêt de cèdres et de bambous.

Mais avant d’aller gambader dans la forêt, on va d’abord réviser un peu :

  • Shinto : ensemble de croyances et de pratiques liées aux « kami » (les esprits). En (très) résumé il s’agit d’un culte animiste autochtone considérant que chaque élément du monde est habité par un esprit.
  • Inari : esprit (ou divinité si vous préférez) de la mythologie shinto à la fois mâle et femelle. Si j’ai bien compris, Inari est surtout vénérée comme divinité du riz, incarné en déesse-renard. Inari est le kami du riz (des bonnes récoltes), et par extension de la croissance de toute chose (pour simplifier, on lui demande surtout de nous faire gagner de l’argent- on y reviendra plus loin)

Le sanctuaire principal de Fushimi Inari Taisha se trouve au pied du mont. Légèrement à l’écart, on trouve également un lieu de recueillement dédié aux victimes de la bombe atomique (on reconnaît les grues sur les tablettes votives et des guirlandes de 1000 grues suspendues).

On retrouve les traditionnels emplacements pour les ema, les tablettes votives (ici en forme de torii), une fontaine pour se laver les mains et la bouche, un comptoir pour acheter des amulettes et des présentoirs pour accrocher les omikujis défavorables.

Le chemin de randonnée débute après avoir passé un grand torii gardé par 2 statues de kitsune (Inari incarné en renard animal messager des dieux).

Puis, la magie commence une fois que l’on pénètre dans la forêt (en évitant astucieusement les spots à selfie où les gens font la queue pour attendre leur tour).

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En effet, toute la randonnée consiste à passer sous les milliers de toriis qui matérialisent le sentier menant jusqu’au sommet du mont Inari. La beauté des lieux ( qu’aucune photo ne pourra restituer) n’a d’égal que leur unicité.

Le sanctuaire est également appelé le sanctuaire aux 10 000 toriis rouges, vous voyez pourquoi ?

Malgré la foule présente (fidèles, visiteurs curieux, randonneurs ou touristes), nous ressentons un profond sentiment de quiétude et de tranquillité qui va en s’amplifiant à mesure que nous progressons vers le sommet.

Il fait bon, les oiseaux se dissimulent habilement dans les feuillages mais marquent bien leur présence sonore. De même on perçoit les stridulations des grillons qui paraissent nous encercler. La lumière passant à travers les feuillages des arbres vient nuancer la palette de couleur des toriis tantôt vermillons, tantôt plus orangés, tantôt plus rouges.

Dans le culte shinto, le torii qui se trouve à l’entrée des sanctuaires symbolise une porte séparant le profane et le sacré (souvenez-vous du torii dans la mer à Miyajima). Fermez les yeux, et essayez un peu d’imaginer ce que peut représenter d’en traverser des milliers.

En ce qui nous concerne, nous avions l’impression, un peu étrange et étourdissante, que nous cheminions vers un autre monde, un monde à la fois inconnu et parfaitement familier puisque nous en faisions déjà partie.

C’est ainsi que nous avons peut-être approché le sens profond de la conception shintoïste selon laquelle toute chose est animée d’un esprit et chaque être de la nature est relié aux autres. Nous avançons, pas à pas, en harmonie avec ce qui nous entoure. On ressent et on voit la beauté et la vie partout, en nous et autour de nous.

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Mais que signifient ces écritures sur les piliers des toriis ? Ce sont tout simplement les noms des donateurs: les toriis sont offerts au sanctuaire par des fidèles, surtout des hommes d’affaires ou des entreprises qui espèrent en retour attirer richesse et abondance.

Je ne connais pas le prix de la fabrication et de l’installation d’un torii, mais j’imagine que cela ne doit pas être donné. Certains toriis étaient abîmés et paraissaient anciens. Je me demande s’ils sont entretenus ou si on les remplacent lorsqu’ils ne tiennent plus debout.

A mi-chemin, nous croisons des petits chats en bordure de forêts, un peu devant d’arriver au point de vue sur le ville de Kyoto.

OK on ne voir pas grand chose, mais c’est vraiment sympa de faire un pause face à ce panorama

Passé le point de vue, la plupart des visiteurs fait demi-tour et retourne en bas. Nous poursuivons notre chemin en direction du sommet et peu à peu, l’allure du sentier se trouve modifiée. Nous traversons des allées bordées d’une multitude de petits autels dédiés à Inari, de fontaines et toujours des toriis, mais de tailles plus modestes.

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C’est vraiment une très belle randonnée…

Un peu avant d’arriver au sommet, nous croisons des touristes américains en train d’essaye de faire voler un drône sous les toriis. Pas sûr qu’ils en avaient l’autorisation…

Au sommet, on trouve un lieu de prière entouré d’amas de toriis et de pierres. En face, se trouve une petite boutique vendant des paniers d’offrandes et du thé matcha.

La descente est différente (le sentier forme une boucle jusqu’au point de vue sur la ville) mais tout aussi plaisante. A mi-chemin, nous faisons une halte et profitons de nouveau de la vue sur Kyoto.

Puis nous repassons près de l’endroit où nous avions aperçu des chats auparavant. Cette fois, plusieurs touristes sont arrêtés et semblent échanger assez vivement. Nous comprenons qu’un animal un peu étrange avait rejoint les chats (nous l’avons vu mais n’avons pas eu le temps de le photographier avant qu’il ne disparaisse dans la forêt).

Un visiteur japonais dit que c’est « tanuki » (un raton-laveur), mais un autre explique que tanuki est un animal mythique et que nous ne pouvons prétendre en avoir vu un comme ça! Confusion, stupeur et tremblements dans l’assemblée.

Dans la mythologie japonaise, le tanuki incarne un esprit de la forêt et apporte la chance. Alors, soit on a du bol soit on a été victimes d’une hallucination collective. Nous préférons la première option!

Si vous ne l’avez pas encore vu (ou si comme moi vous l’aviez oublié), sachez qu’il y a un film du studio Ghibli qui met en scène des tanukis dans leur représentation traditionnelle (avec un chapeau et un gros ventre): Pompoko. A voir (ou à revoir).

Cela étant dit, la drôle de bestiole que nous avons vue avait les poils longs, hirsutes et avec des reflets tirant sur le roux. Bon, voilà voilà

La randonnée touche à sa fin, l’après-midi aussi. Avant de quitter le sanctuaire, nous traversons une allée de boutiques de souvenirs, nous voyons des autels dédiés à Kannon la déesse bouddhique. Puis, nous nous arrêtons quelques minutes près du bassin situé sous la terrasse d’un café à l’entrée de la forêt pour un dernier moment de contemplation.

Nous quittons le sanctuaire et nous nous remettons de nos émotions avec des jus de pamplemousse pressés directement dans le fruit et des brochettes de boeuf.

Nous ne partons pas sans avoir goûté à un Inari-Sushi à la courge et au sésame. Un Inari-sushi est un sushi à base de riz enveloppé dans du tofu frit (le tofu frit étant particulièrement apprécié de la déesse).

Nous sommes un peu surpris par la fraîcheur et la saveur sucrée/salée de ce sushi. Ensuite, c’est sur cette dernière note gourmande que nous quittons Kyoto pour retourner à Osaka après une journée inoubliable.

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