Les grues en papier d’Hiroshima (Japon)

Ainsi que je l’expliquais en introduction de mon récit consacré à la découverte de l’île de Miyajima, je pense que la visite de la ville d’Hiroshima mérite bien une journée entière, et que vous passerez à côté des trésors de ces lieux (Miyajima et Hiroshima) si vous en combinez la visite dans la même journée.

Nous voilà donc partis pour un trajet d’environ 1h30 à bord du shinkansen matinal de 7h15 pour aller passer une journée dans la ville d’Hiroshima.

 

 

A mesure que l’on s’éloigne de l’hypercentre d’Osaka, les tours d’immeubles disparaissent et on découvre un paysage plus industriel, ensuite plus rural qui défile à grande vitesse. On traverse aussi beaucoup du tunnels; ce qui nous rappelle que le Japon est un pays montagneux.

 

 

1- Se déplacer dans la ville d’Hiroshima

En bus

Lorsqu’on arrive à la gare d’Hiroshima, le point d’information touristique se trouve à gauche immédiatement après les portiques. Il y a même un ATM (guichet de retrait d’espèces) près de l’entrée, pratique pour retirer de l’argent en arrivant. On y trouve toutes sortes de brochures, certaines sont traduites en plusieurs langues.

loopbus2On récupère un plan de circulation du loop bus (gratuit pour les porteurs du JR Pass). Un loop bus c’est donc un bus comme on en trouve dans de nombreuses villes touristiques. Il fait le tour de la ville toute la journée et fait des arrêts dans les principaux lieux de visite. Très pratique quand on voyage avec des enfants.

loopbus
Oui, on est bien au pays d’Hello Kitty !

A vélo

Il est également possible de visiter Hiroshima à vélo. La location de vélos en libre service est proposé par Peacecle et coûte 1000 yens pour la journée (environ 8 euros). J’ai vu des vélos équipés de siège pour enfant à l’arrière, il faut se rendre au comptoir de Peacecle près de la gare d’Hiroshima pour en faire la demande.

Surtout se rappeler qu’ici, on roule à gauche ! Toutefois, comme dans les autres villes du Japon que j’ai pu visiter, les cyclistes circulent un peu de manière anarchique. On les croise évidemment sur les pistes cyclables mais aussi sur la route, les trottoirs et même les allées piétonnes, souvent à contresens… Bref, soyez prudents !

vélo

 

2- Le château d’Hiroshima

 

D’abord, on descend du loop bus pour aller découvrir le château d’Hiroshima datant de la période féodale japonaise et qui a la particularité d’être un château de plaine (habituellement, les châteaux médiévaux sont construits en hauteur, sur des collines ou des montagnes pour les rendre difficiles d’accès et voir l’ennemi arriver de loin).

Autre particularité : le château que l’on peut visiter aujourd’hui est en réalité constitué des vestiges du château fort qui a quasiment totalement disparu sous le souffle de l’explosion de la bombe atomique le 6 août 1945. C’est le seul château de plaine que j’ai eu l’occasion de visiter.

Dans le parc ce matin là, loin d’être troublés par la présence des quelques visiteurs, des  personnes étaient venues peindre ou dessiner à l’ombre des pins.

 

 

parc4parc1

 

Le parc abrite également un grand bassin et d’énormes carpes japonaises « koi ». Le château est d’ailleurs également connu sous le nom du « Château de la Carpe » en raison de son architecture qui rappellerait les écailles du poisson.

 

 

A l’autre bout du parc, on découvre la tour principale du château rénovée en  musée et en observatoire.

tour1

 

Plus loin se trouve Hiroshima Gokoku, le sanctuaire du château, où se déroule une cérémonie à laquelle nous assistons discrètement pendant quelques minutes.

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A l’extérieur, on retrouve les traditionnels « omikuji », les horoscopes japonais. Si l’oracle ne vous convient pas, il faut accrocher le petit papier à un présentoir ou à une branche d’arbre.

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Il y a également des « ema »  accrochées à l’extérieur. Ce sont des tablettes en bois portant l’emblème du temple où on les achète et sur lesquelles on inscrit un voeu ou une prière. Ce sont évidemment des carpes koi qui sont dessinées au dos des ema de ce sanctuaire.

 

 

On se dirige ensuite vers l’enceinte secondaire du château à laquelle on accède en traversant un petit pont semblant relier deux arbres exceptionnels se trouvant à chacune de ses extrêmités.

D’un côté du pont se trouve un saule géant et de l’autre un eucalyptus qui ont résisté (je me demande comment) au souffle de la bombe A en 1945 à 740 mètres de l’épicentre. La puissance de la nature et de la vie se révèle à nous de la façon la plus inattendue.

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Eucalyptus (eucalyptus melliodora)
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Saule géant (solix chaenomeloides)

 

On arrive ensuite vers un édifice comportant 3 tourelles qui abrite une exposition regroupant différents objets renseignant sur la vie avant et pendant l’existence du château.  On peut également y voir une exposition de photos des travaux de rénovation/reconstruction du château après la seconde mondiale.

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3- Le parc du Mémorial de la Paix d’Hiroshima

 

Il fait très beau et nous décidons de nous diriger à pieds vers le parc du Mémorial de la Paix d’Hiroshima. Nous traversons des quartiers très vivants et animés, aux rues et aux trottoirs larges.

Lorsque nous arrivons au parc, nous sommes frappés par la quiétude des lieux. Nous ressentons immédiatement l’atmosphère solennelle de ce lieu de commémoration et de recueillement. En effet, Hiroshima est une ville tristement célèbre pour avoir subi le premier bombardement atomique de l’histoire de l’humanité le 6 août 1945 (le deuxième a eu lieu à Nagasaki 3 jours plus tard).

Nous découvrons le Dôme de Genbaku ou Dôme de la bombe A, qui était à l’origine le palais d’exposition industrielle de la préfecture d’Hiroshima. La bombe a détruit la totalité du quartier environnant et tué tous ses habitants, mais ce bâtiment datant de 1915 à l’architecture européenne a partiellement résisté alors qu’il se situait à 160 mètres de l’épicentre de l’explosion.

 

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Nous traversons le canal et nous nous approchons du monument de la Paix pour les Enfants devant lequel des groupes scolaires se succèdent pour se recueillir et déposer des guirlandes de grues en papier. nous restons un moment pour écouter les prières et les chants des enfants.

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Ce monument a été érigé à la mémoire de tous les enfants décédés suite au bombardement de  la ville d’Hiroshima, tels la petite Sadako Sasaki qui fut exposée aux radiations à l’âge de 2 ans et développa 10 ans plus tard une leucémie à laquelle elle succombera.

On peut y lire ces inscriptions:

Ceci est notre cri

Ceci est notre prière

Pour construire la paix dans le monde.

 

 

 

L’histoire de Sadako Sasaki est célèbre et demeure particulièrement émouvante. Alors qu’elle luttait contre la maladie, une amie lui raconta une légende selon laquelle quiconque confectionne 1 000 grues en origami voit un vœu exaucé. Sadako Sasaki entreprit alors de confectionner 1 000 grues en origami avec tous les morceaux de papier qu’elle pouvait trouver, même les étiquettes de ses flacons de médicament.

Avant de mourir à l’âge de 12 ans, elle ne parvint à confectionner que 644 grues. Ses camarades de classe continuèrent à fabriquer des grues dont la vente servit à financer le monument en mémoire de Sadako Sasaki et des enfants décédés à cause de la bombe.

Depuis, les enfants du monde entier envoient leurs grues en papier à Hiroshima en mémoire des enfants tués par la bombe atomique.

 

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Les grues en papier d’Hiroshima, symbole international de la Paix

 

Ensuite, nous nous arrêtons quelques instants devant la Flamme de la paix qui brûle depuis 1964 du feu sacré provenant du sanctuaire du Mont Misen sur l’île de Miyajima.

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Plus loin, nous contemplons le parfait alignement de l’arche du cénotaphe, la Flamme de la Paix et le Dôme de Genbaku.

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On peut lire l’inscription « Reposez en paix, nous ne répèterons pas la même erreur ». Ce « nous » qui interpelle chacun, car nulle part au Mémorial ne sera nommé l’auteur du bombardement atomique sur Hiroshima. L’arche est entourée d’eau pour le repos des âmes des victimes.  L’eau a une symbolique bien particulière ici, car l’eau est ce que réclamaient les victimes agonisantes du gigantesque incendie provoqué par la bombe pour apaiser leurs blessures et leur soif.

A quelques mètres du cénotaphe, se trouve l’entrée du Mémorial de la Paix dédié aux  Victimes de la bombe atomique et sa fontaine indiquant l’heure de l’explosion de la bombe le 6 août 1945: 8h16, heure à laquelle le temps s’est arrêté pour les victimes d’Hiroshima.

fontaine

 

Il est interdit, à juste titre, de filmer ou de photographier l’intérieur du Mémorial dédié aux victimes de la bombe atomique, qui est avant tout un lieu de recueillement, de prière et de contemplation pour la paix. On peut y voir et lire des témoignages de survivants. Je ne ferai pas de description des lieux qui ont été magnifiquement et justement pensés, mais je vous invite à vous y rendre car aucun mot de ne peut dire ce que nous y avons ressenti et compris.

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Dans le Musée du Mémorial pour la paix, nous retrouvons les nombreuses classes d’élèves en sortie scolaire. Là aussi, les expositions sont précieuses et méritent toute votre attention. Prenez le temps…

 

 

 

Nous retournons ensuite dans le parc du Mémorial pour faire sonner la Cloche de la paix où nous croisons encore des enfants.

cloche

 

4- L’espérance d’une paix perpétuelle

 

Nous restons encore un peu dans le parc et avons l’occasion d’échanger avec deux collégiennes qui interrogent les visiteurs sur leur ressenti après la visite du Mémorial.

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Pour conclure cette journée riche en émotions et en apprentissages, nous passons, en l’espace d’une rue, de l’Hiroshima où le temps s’est arrêté à l’Hiroshima où la vie suit son cours. Nous déambulons dans les rues bruyantes, modernes et colorées du centre ville jusqu’à l’heure du goûter.

Là nous prenons conscience de quelque chose qui émane de tout ce qui nous entoure depuis notre arrivée dans l’archipel nippon : le Japon, qui a vécu de grandes blessures, reflète pour nous la victoire de la vie sur la mort, c’est la recherche permanente de l’équilibre et de l’harmonie dans le chaos (je rappelle au passage que ce pays est soumis à plusieurs risques naturels bien costauds: typhons, tremblements de terre, tsunami).

C’est une disposition spirituelle, le dépassement du traumatisme et de la souffrance pour cultiver la beauté et l’innocence. Un résumé de toute la complexité de la vie et de l’humain qui porte en lui à la fois le souvenir et l’avenir.

Avant de retourner à la gare, nous faisons une pause gourmande chez Gram, une chaîne de café japonaise qui sert les pancakes les plus moelleux du Japon. Pour moi ce sera l’assiette de pancakes aux bananes caramélisées, noisettes et mousse cream cheese avec un smoothie au thé vert matcha. Super bon !

 

 

Nous quittons Hiroshima et son Mémorial, dont le message pacifiste dépasse les frontières du Japon dans le temps et dans l’espace pour toucher l’humanité tout entière, avec au fond du coeur l’espérance d’une paix perpétuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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